Les 10 principales prévisions stratégiques selon Gartner pour 2023 et les années suivantes

6 décembre 2022

Auteure Lori Perri

Votre entreprise est-elle prête à transformer un climat d’incertitude en autant de pistes de réussite potentielle ? Ces prédictions vous aident à (ré)imaginer ce à quoi votre entreprise doit se préparer.

En prévision de 2023, découvrez comment les prédictions de Gartner concernant certains des aspects les plus déterminants des évolutions technologiques et commerciales dans les années à venir peuvent influencer votre réflexion. Intégrez ces hypothèses de planification stratégique dans votre feuille de route dans les années à venir pour susciter l’intérêt des stratèges et alimenter l’enthousiasme des responsables de la prise de décision tactique.

« Le thème des prédictions de cette année est ‘Sachez profiter du climat d’incertitude’ », déclare Daryl Plummer, vice-président analyste et membre de Gartner. « Ce principe incite les entreprises à se concentrer sur le maillon le plus faible de leur stratégie de réussite : elles-mêmes. Il interpelle à la fois sur le plan de la réflexion et de l’action, en reconnaissant que l’incertitude est porteuse d’espoir et d’opportunités. »

Sachez profiter du climat d’incertitude

En général, les gens détestent le changement. Les personnes, la culture, les marchés et les stratégies valorisent la cohérence et la stabilité plutôt que l’innovation et l’incertitude. « Mais les cadres doivent accepter que la possibilité de subir un échec puisse venir contribuer à la réussite », déclare M. Plummer. Cela exige de faire preuve d’une certaine flexibilité et d’avoir la volonté de renoncer aux anciennes approches et aux anciens modèles de conduite. 

Les solutions pour favoriser le progrès sont rarement clairement définies ou binaires. Parfois, il est préférable par exemple d’en faire plus, alors que dans certains cas, il est nécessaire de réduire ses efforts. Par exemple, vous pouvez améliorer la durabilité de vos activités grâce à l’automatisation et à l’IA, mais vous devez tout de même les mettre en œuvre avec précaution pour éviter des retours sur investissement décevants. De même, les collaborateurs aspirent à des situations de travail offrant une certaine flexibilité quant au lieu ou à la manière de travailler, même si l’inflation et un ralentissement économique pourraient menacer leurs perspectives professionnelles. Et les entreprises doivent trouver un équilibre entre une croissance découlant d’investissements et la réduction des dépenses

Tenez compte de ces 10 prédictions si vous souhaitez transformer les certitudes en débouchés et rendre votre entreprise plus souple et plus adaptable et ainsi la préparer à toute éventualité.

N° 1 : Jusqu’en 2027, les espaces de travail entièrement virtuels représenteront 30 % de la croissance des investissements des entreprises dans les technologies du metaverse et viendront « refaçonner » l’expérience professionnelle au bureau.

Les espaces de travail virtuels permettent de recruter et de réunir des employés indépendamment de leur situation géographique. Cela englobe également les employés qui ne peuvent ou ne désirent pas se joindre à des rassemblements en présentiel. Les espaces virtuels offrent une alternative aux déplacements et aux salles de réunion, et finiront par transformer ces deux secteurs. Pour les entreprises qui se veulent avant tout des espaces de travail à distance ou hybrides, les espaces de travail virtuels pourraient remplacer le bureau et devenir à terme le cœur de l’expérience numérique des employés.

N° 2 : D’ici 2025, au vu du caractère volatile de la main-d’œuvre, 40 % des entreprises enregistreront des pertes matérielles commerciales importantes, ce qui obligera la stratégie en matière de recrutement à évoluer de la notion d’acquisition à celle de résilience.

« Matérielles » est un terme qui fait ici référence à une conséquence financière significative et devant être expliquée dans les déclarations financières. Pas moins de 40 % des entreprises éprouveront des difficultés à assurer la cohérence et la stabilité de leurs opérations. Les entreprises devront se concentrer sur la flexibilité afin de garantir l’exécution et la mise en œuvre de leurs modèles commerciaux. Par exemple, 57 % des employés ne pensent pas que leur entreprise leur permet de créer une expérience client supérieure à l’heure actuelle.

N° 3 : D’ici 2025, les entreprises qui remédient aux écarts de rémunération documentés entre les hommes et les femmes permettront de réduire de 30 % l’attrition des femmes, ce qui permettra de pallier la rareté de certains profils.

Les sociétés peinent au quotidien à recruter des collaborateurs possédant les compétences requises pour mener à bien leurs stratégies commerciales. Dans le même temps, elles s’efforcent d’accroître la diversité en raison de la pression des investisseurs, des attentes de la société et de leur désir de valoriser leurs activités. La rémunération est le principal facteur de rétention des talents. Les employés veulent être rémunérés équitablement et sont prêts à changer d’emploi pour y parvenir. L’argument commercial en faveur de la diversité est on ne peut plus clair : conserver au sein de ses effectifs un plus grand nombre de femmes pour concrétiser ces avantages, à savoir de meilleures marges bénéficiaires, des revenus plus importants, une productivité plus élevée et une capacité d’innovation supérieure.

N° 4 : D’ici 2025, les mesures des valeurs des employés, telles que le bien-être, l’épuisement professionnel et la satisfaction vis-à-vis de la marque, l’emporteront sur les évaluations du retour sur investissement dans 30 % des décisions portant sur des investissements de développement de la croissance que l’on jugera comme étant fructueux.

Les entreprises qui offrent une meilleure expérience à leurs employés ont tendance à obtenir de bons résultats en matière d’expérience client, ce qui se traduit par une augmentation des revenus et une plus grande fidélisation. Les modèles traditionnels de retour sur investissement ont tendance à privilégier les investissements qui produisent des résultats à court terme, comme ceux qui permettent de réduire les dépenses (comme la réduction des effectifs) ou d’améliorer directement les revenus (embaucher un autre représentant commercial). Les entreprises qui se basent sur des mesures plus complètes que le retour sur investissement concentreront leurs investissements sur la croissance à long terme, les technologies de rupture et l’innovation.

N° 5 : D’ici 2025, sans des méthodes pérennes de gestion de l’IA, l’IA consommera plus d’énergie que la main-d’œuvre humaine, ce qui compromettra considérablement les gains en matière de réduction des émissions de carbone.

La consommation d’énergie de l’IA augmente rapidement, parallèlement à son utilisation croissante pour automatiser les activités humaines. Les modèles de machine learning doivent être formés et exploités, ce qui implique davantage de centres de données cloud. De nouvelles techniques voient le jour permettant de réduire considérablement la consommation d’énergie du machine learning. Avant de classer l’IA comme une technologie trop consommatrice d’énergie, notez que les avantages de l’IA peuvent potentiellement dépasser de loin sa propre empreinte carbone. Toutefois, ce potentiel ne peut être réalisé que si l’IA est appliquée de manière proactive et efficace dans le plus grand nombre possible de processus, d’entreprises et de structures.

N° 6 : D’ici 2027, les modèles de plateformes de réseaux sociaux évolueront du modèle qui considèrent le « client comme étant un produit » au modèle « plateforme en tant que client » d’une identité décentralisée, commercialisée au travers des marchés de données.

À l’heure actuelle, les utilisateurs doivent constamment vérifier leur identité dans tous les services en ligne, ce qui n’est ni efficace, ni évolutif, ni sécurisé. En conséquence, le marché évoluera vers le développement de portefeuilles d’identité numérique transférables qui permettront à l’utilisateur de vérifier son identité une fois seulement et de faire valoir cette identité vérifiée à plusieurs reprises.

Les nouveaux marchés de données d’identité deviendront une exigence du Web3 pour prendre en charge des interactions plus personnalisées avec les utilisateurs. Dans le cadre de ce nouveau modèle, les utilisateurs devront communiquer leurs données d’identité et définir par contrat les conditions d’utilisation et les paiements requis pour les utiliser.

N° 7 : D’ici 2026, les attaques par déni de service menées par des citoyens (cDOS), qui ont recours à des assistants virtuels pour interrompre les opérations, deviendront la forme de protestation à la croissance la plus rapide.

La question de savoir si les attaques par déni de service doivent être considérées comme une forme de liberté d’expression fait débat, car elles violent actuellement diverses politiques et lois internationales. Ce débat ne fera que se complexifier, ce qui pourrait entraîner la nécessité d’une nouvelle législation lorsque ces attaques seront perpétrées dans une proportion croissante par des citoyens préoccupés par des questions sociales, par opposition à des pirates informatiques motivés par de mauvaises intentions. Les attaques par déni de service menées par des citoyens pourraient obliger les entreprises à engager des dépenses importantes. Pour prévenir les attaques menées par des citoyens, Amazon, Google, Apple et d’autres fournisseurs d’assistants virtuels pourraient être contraints de mettre fin aux compétences ou aux actions qui permettent à un assistant virtuel de contacter des entreprises.

N° 8 : D’ici 2025, l’acceptation par les actionnaires des investissements spéculatifs de type moonshot (paris à long terme) doublera, ce qui en fera une alternative viable aux dépenses traditionnelles de R&D pour accélérer la croissance.

Les entreprises de premier plan sauront tirer parti de situations d’incertitude ou de perturbation, en s’appuyant sur des mentalités, des capacités et des compétences nouvelles et inconnues pour saisir les perspectives de croissance. Un « moonshot » est l’acceptation par l’entreprise et les actionnaires d’un investissement technologique à haut risque ou spéculatif avec un fort potentiel de retour. Il s’agit d’une nouvelle façon radicale de résoudre un problème existant ou inédit en utilisant des méthodes perturbatrices (à savoir un produit, une technologie, une innovation). Les pratiques traditionnelles qui ont recours à des budgets d’innovation définis et à la prévision des résultats futurs par le biais d’analyses de rentabilité seront remplacées. Les entreprises accepteront d’abord l’échec comme un moyen de pérenniser la viabilité, les investissements et les innovations futures.

N° 9 : D’ici 2025, de puissants écosystèmes de cloud computing contribueront à consolider de 30 % le nombre de fournisseurs, laissant ainsi aux clients moins de choix et moins de contrôle sur leur futur logiciel.

Aujourd’hui, les écosystèmes de cloud computing intègrent les outils d’un fournisseur de solutions de cloud computing (CSP) ou d’un fournisseur de logiciels indépendant. La plupart de ces écosystèmes sont incomplets, ils manquent de fonctionnalités, de maturité et ne sont pas encore suffisamment adoptés. C’est pourquoi la plupart des entreprises développent des écosystèmes mixtes afin de les améliorer. Progressivement, au fur et à mesure que les principaux fournisseurs d’écosystèmes gagnent en maturité et enrichissent leurs propres outils, les entreprises remplaceront les outils des fournisseurs indépendants de logiciels tiers. Au fur et à mesure que les fournisseurs de solutions cloud accroissent l’utilité de leurs outils et accélèrent le rythme de leurs innovations, les économies réalisées grâce à une réduction du nombre d’intégrations, des délais de mise sur le marché et des formations seront plus importantes.

N° 10 : Jusqu’en 2024, les partenariats de souveraineté conjointe approuvés par les régulateurs augmenteront la confiance des parties prenantes dans les marques mondiales de cloud et favoriseront la poursuite de la mondialisation des technologies de l’information.

La sensibilisation accrue des gouvernements et des régulateurs conduit à un renforcement des politiques de protection de la vie privée et des données, à des exigences plus élevées en matière de souveraineté et de contrôle des données, et à une demande accrue de souveraineté numérique, notamment par le biais de contrôles technologiques et d’une autonomie à long terme.

Les attentes en matière de solutions de cloud souverain évoluent, passant de préoccupations relatives à la souveraineté des données et à la protection de la vie privée à des préoccupations concernant l’accès continu et à long terme aux solutions de cloud et leur mise à disposition. Les régulateurs et les fournisseurs de cloud devront œuvrer ensemble pour clarifier les approches et mesures éventuelles pertinentes. Une approche fondée sur le partage de la propriété des fournisseurs de services cloud entre les gouvernements et les régulateurs peut (ré)établir la confiance des utilisateurs de ces services envers les marques mondiales de services dématérialisés et faciliter la poursuite de la mondialisation de la technologie.

Pour résumer :

  • Appuyez-vous sur les prédictions stratégiques 2023 de Gartner pour (ré)imaginer comment votre entreprise pourrait être appelée à gagner en flexibilité et en adaptabilité.

  • Vous devrez associer les capacités technologiques aux stratégies commerciales afin d’obtenir de meilleurs résultats et de vous préparer à faire face à une incertitude croissante. 

  • Les dirigeants doivent être prêts à changer (et à accepter l’échec) afin de convertir les incertitudes en opportunités.

Daryl Plummer est un vice-président, un analyste et un membre de Gartner. Ses recherches se concentrent sur les questions stratégiques liées à l’informatique dématérialisée, aux perturbations du numérique et à la représentation de l’avenir par le biais de prédictions, de tendances et du déchiffrage des évolutions des cycles commerciaux numériques.

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