Maîtrisez la volatilité grâce à une stratégie d’adaptation

Les stratégies élaborées à l’aide de processus traditionnels reposant sur des échéances dépendent en grande partie de certitudes, ce qui les rend rapidement obsolètes et les empêche de s’adapter au changement. Alors que les dirigeants cherchent à stimuler la croissance dans les conditions commerciales très volatiles que nous connaissons aujourd’hui, ils ont besoin d’une approche stratégique évolutive, axée sur les évènements.

« Une approche adaptative de la stratégie à long terme est davantage en adéquation avec le contexte actuel, dans lequel les modèles commerciaux se transforment plus fréquemment, et souvent plus radicalement », déclare Ian Cox, analyste en chef pour le compte de Gartner. « Plus le rythme du changement est rapide, plus la capacité d’adaptation devient un impératif majeur. »

Voir également : Élaborez un meilleur plan stratégique pour votre service

Les dirigeants qui cherchent à rendre la stratégie de leur entreprise plus modulable devraient :

• Déterminer les difficultés rencontrées dans le domaine de la définition de la stratégie, par exemple la longueur du délai de l’élaboration et la lenteur de sa réaction aux changements.

• Identifier les méthodes les plus pertinentes en matière de stratégie d’adaptation pour surmonter ces difficultés, par exemple en commençant la mise en œuvre de la stratégie le plus tôt possible.

• Sélectionner et mettre en œuvre les éléments constitutifs fondamentaux appropriés, tels que les analyses en temps réel, afin de soutenir les méthodes d’adaptation prioritaires.

Gartner a identifié quatre méthodes permettant à une entreprise de développer une stratégie d’adaptation.  Bien qu’une approche qui se veut réellement adaptative s’appuie sur ces quatre méthodes fondamentales, les entreprises se concentrent souvent d’abord sur une ou deux méthodes qui répondent à leurs défis stratégiques immédiats.

La stratégie définit les choix et les actions à long terme que l’entreprise doit entreprendre pour générer, produire et acquérir de la valeur comme le prévoit le modèle commercial. Mais plus on passe de temps à élaborer un plan, plus le temps disponible pour son exécution est réduit, augmentant ainsi les risques que le monde ait évolué et que le plan ne soit plus pertinent.

Une mise en œuvre rapide permet également de faire apparaitre les failles du plan et d’identifier les points à améliorer. La stratégie d’adaptation ne repose pas sur des informations exhaustives ou précises, mais elle exploite les informations disponibles pour identifier les actions immédiates nécessaires à la réussite d’une entreprise.

Dans le contexte actuel caractérisé par de nombreuses perturbations, peu d’entreprises peuvent se permettre d’attendre un an pour revoir leur stratégie, comme c’était le cas lorsque le contexte commercial évoluait lentement et que les perturbations étaient peu fréquentes, voire inexistantes. Certaines revoient aujourd’hui leur stratégie sur une base trimestrielle, voire mensuelle, mais une entreprise véritablement adaptative supervise son contexte commercial de manière continue et engage une révision de la stratégie dès que de nouvelles informations sont disponibles pour se réajuster en fonction du contexte. 

La vision qui guide une stratégie d’adaptation peut toujours être axée sur le long terme et être audacieuse, mais elle doit être continuellement enrichie (et non modifiée complètement à intervalles réguliers) afin de repousser les limites de ce que l’entreprise doit faire pour réussir.

L’incertitude est synonyme de possibilités. Ainsi, bien que cela implique inéluctablement d’accepter un certain niveau de risque dans certains domaines, les entreprises qui appréhendent ces risques et réagissent rapidement aux évènements au fur et à mesure qu’ils se produisent ont plus de chances de réussir dans un monde incertain. La stratégie d’adaptation en entreprise les aide à y parvenir et à atténuer les risques.

Un processus stratégique hiérarchisé ne fait intervenir qu’un petit nombre de personnes, tandis qu’un processus adaptatif est inclusif, participatif et collaboratif, avec des idées et des points de vue qui proviennent de n’importe qui à l’intérieur ou à l’extérieur de la société. Cette approche accroit la capacité de l’entreprise à créer, actualiser et mettre en œuvre la stratégie et améliore la qualité des résultats.

Nos recherches ont mis en évidence neuf composantes de base qui aident à mettre en place ces quatre méthodes (mais d’autres sont susceptibles de se dessiner au fil du temps).

La plupart des entreprises traditionnelles se concentreront d’abord sur le sous-ensemble de composantes qui les aideront à établir les deux ou trois meilleures méthodes sur lesquelles elles se concentreront dans un premier temps. Elles utiliseront ces composantes en réponse à des problèmes spécifiques et parallèlement à un processus stratégique plus traditionnel pour intégrer les éléments d’une approche adaptative. Les entreprises qui sont issues du numérique ont souvent recours à beaucoup plus d’éléments constitutifs.

Les éléments constitutifs se répartissent en trois catégories :

• Les contributions :comment les idées, les observations et les informations pertinentes au regard de la stratégie sont générées, obtenues ou consignées. Les composantes sont les analyses en temps réel, le crowdsourcing et les analyses continues.

• Les processus : la manière dont la stratégie est élaborée, révisée, tenue à jour et actualisée. Les composantes : décisions distribuées, sessions de stratégie, processus continu.

• Les résultats : le format, le contenu ou la structure de la stratégie. Les composantes : stratégies basées sur les options, stratégies basées sur les expériences et stratégie minimale viable.

Ian Cox est directeur principal des analyses au sein de l’équipe de recherche des DSI de Gartner. Les domaines couverts par M. Cox comprennent la planification stratégique, les modèles d’exploitation informatique, la communication avec le conseil d’administration et le bureau du DSI. Avant de commencer à travailler pour Gartner, M. Cox a travaillé en tant que conseiller indépendant auprès de conseils d’administration et de dirigeants d’entreprises de divers secteurs, sur des sujets tels que la stratégie, la transformation digitale et le rôle du DSI et de l’informatique.