Les PDG ne se contentent plus d’adopter timidement l’IA, ils l’utilisent pour réinventer les modèles d’exploitation et stratégies de gestion du personnel afin de stimuler leur dynamisme et compétitivité.
Les PDG ne se contentent plus d’adopter timidement l’IA, ils l’utilisent pour réinventer les modèles d’exploitation et stratégies de gestion du personnel afin de stimuler leur dynamisme et compétitivité.
Auteur David Furlonger | 25 avril 2025
Les PDG privilégient tout particulièrement la croissance et sont conscients que l’IA est en train de redessiner les contours de leur environnement concurrentiel, selon l’étude 2025 de Gartner auprès des PDG et des cadres supérieurs. Bien que cette position puisse sembler être comparable à celle des PDG dans l’étude de l’année dernière, les PDG se sont profondément éloignés de leur vision initiale de l’IA au cours des douze derniers mois. Loin d’être un simple outil, les PDG voient désormais l’IA jouer un rôle déterminant dans la création d’une dynamique dans les sphères stratégiques de l’entreprise, y compris dans la réorganisation des modèles d’exploitation et des stratégies de gestion des ressources humaines. Pour que cette transformation se concrétise, il faudra que tous les acteurs, y compris les membres de la direction générale, renforcent encore leur niveau d’expertise en matière d’IA.
Les PDG entendent utiliser l’IA autrement que dans le cadre de processus traditionnellement axés sur la réduction des coûts et le développement de produits. La production de nouvelles sources de revenus et l’ajout de capacités exploitant l’IA aux processus opérationnels figurent parmi leurs principales ambitions, ce qui suppose des incidences sur le développement des ressources humaines et le leadership.
Sur le plan opérationnel, les machines gagnent en autonomie et peuvent prendre leurs propres décisions, entreprendre des actions et les mener à bien instantanément. Pourtant, cet environnement opérationnel autonome se heurte aux modèles d’exploitation et commerciaux des entreprises d’aujourd’hui.
Seul un tiers des chefs d’entreprise dispose d’un modèle opérationnel et commercial adapté à un modèle régi par l’IA, ce qui signifie qu’environ deux tiers des PDG ne disposent pas d’un modèle opérationnel et commercial adapté. Les dirigeants sont en train de prendre des mesures pour changer cette situation dans plusieurs domaines opérationnels clés.
Un tiers ou plus des chefs d’entreprise prévoient, au cours des trois prochaines années, de déployer et d’utiliser des systèmes susceptibles d’être automatisés à 100 % notamment dans les domaines suivants :
Distribution et logistique
Conception et production de nouveaux produits et services
Création et mise en œuvre de contrats
Pourtant, environ un PDG sur quatre déclare ne pas avoir l’intention d’automatiser entièrement ses systèmes et processus. Leurs entreprises se retrouveront ainsi dans une position stratégique très défavorable dont elles auront du mal à se remettre.
Les PDG souhaitent recourir aux technologies, en particulier à l’IA, mais aussi à la robotique, pour repenser le personnel de demain. Les systèmes basés sur l’IA travaillent désormais aux côtés des humains, qu’ils remplacent parfois. Le personnel composé exclusivement d’humains appartient désormais au passé.
68 % des PDG élaborent des stratégies visant à combiner les ressources humaines et les machines, notamment les agents IA et les robots. Leurs trois principales priorités sont les suivantes :
Transférer les tâches routinières et répétitives aux machines et aux services technologiques.
Harmoniser les contributions humaines et technologiques pour optimiser les processus opérationnels clés.
Renforcer les compétences des employés afin qu’ils puissent exploiter pleinement les machines dotées d’intelligence artificielle.
Cette évolution ne touchera pas uniquement les collaborateurs à titre individuel. Plus de la moitié des PDG ont déclaré qu’ils utiliseraient l’IA au cours des cinq prochaines années pour alléger les tâches des cadres intermédiaires. Là encore, les objectifs sont nombreux et variés. Ils comprennent notamment l’utilisation de l’IA pour réduire les conflits décisionnels et donner aux responsables en poste les moyens d’améliorer la productivité et l’efficacité opérationnelle.
Dans le cadre plus large de la transformation de l’environnement opérationnel afin de permettre à l’entreprise de s’adapter à l’IA pour mieux l’exploiter, les PDG accordent une importance croissante au renforcement des compétences. Auparavant, il était nécessaire de recruter des spécialistes externes pour se doter des compétences nécessaires. Aujourd’hui, il est indispensable d’acquérir des capacités basées sur l’IA afin de doter le personnel existant des compétences nécessaires à la mise en place des processus dynamiques qui régissent les opérations quotidiennes.
Cela inclut la formation des dirigeants actuels. Les PDG constatent d’importantes lacunes dans les compétences des membres de leur équipe de direction, y compris leurs DSI. Les compétences en matière d’IA sont encore plus souvent jugées insuffisantes par rapport à celles liées à la transformation digitale à la fin des années 2010.
Les PDG sont convaincus que l’IA fait aujourd’hui partie intégrante de leur environnement concurrentiel. Tout comme la période allant de 1980 à 1995 fut l’ère des entreprises assistées par les technologies de l’information, celle de 1995 à 2010 fut l’ère du commerce électronique et celle de 2010 à 2025 l’ère de l’entreprise digitale, nous entrons aujourd’hui dans l’ère de l’IA. Au cours de cette période, les entreprises utiliseront l’IA pour transformer leurs opérations et leurs modèles commerciaux afin de gagner en dynamisme et d’agir avec une plus grande autonomie. Ainsi, la période postérieure à 2025 sera considérée comme celle des entreprises autonomes.
Les chefs d’entreprise estiment que l’IA aura une incidence considérable sur leurs activités au cours des trois prochaines années, car les entreprises investissent massivement dans l’IA pour transformer complètement chaque composante de leur chaîne de création de valeur. Toutefois, les incidences de l’IA ne découleront pas uniquement de l’IA, mais également de son application en association avec des technologies connexes, telles que les jumeaux numériques, l’Internet des objets (IdO) et les clients-machines.
Les PDG ne cherchent pas nécessairement à remplacer les responsables par l’IA, mais plutôt à mettre en œuvre et à intégrer des mécanismes reposant sur cette technologie afin que les responsables puissent améliorer la productivité et l’efficacité opérationnelle. L’un des moyens d’y parvenir est de tirer parti de l’IA pour accroître la portée de la supervision exercée par les managers sur les effectifs, ce qui permet à un seul manager de chapeauter environ 20 % d’employés en plus. Grâce à l’intelligence artificielle, les dirigeants auraient la possibilité d’éliminer certaines pratiques telles que les évaluations de rendement ou les classifications rigides. Cela serait possible grâce aux retours d’information instantanés fournis par l’IA. Ils pourraient aussi adopter des méthodes innovantes de mentorat et de communication axées sur les profils créés par l’IA générative. En outre, ils pourraient envisager de confier automatiquement à l’IA certaines tâches liées au respect de la conformité, ce qui leur permettrait de se concentrer sur des aspects plus importants.